Je commençais à saisir le fond du problème. Enfin, disons que je réalisais qu'il ne s'agissait pas de celui auquel je pensais. Mais par contre, aucune idée du vrai motif de son malaise. C'est pour cette raison que je n'insistai pas lorsqu'elle me demanda, indirectement, de la laisser ici et de faire chemin retour. Surement qu'elle avait des raisons plutôt intimes, complexes. Je posai donc son bagage au sol, la fixant un instant. Est-ce qu'il était de responsable de ma part que de la délaisser dans cet état ? Dix-sept ans... même pas la majorité dans mon pays. Si j'avais été son frère, j'aurais surement apprécié que quelqu'un l'accompagne et s'occupe d'elle. Ceci dit, si elle cachait quelque chose qui justifiait tout ça, je m’apprêtais à m’aventurer sur un terrain vague. J'oubliais alors mes " si je " et la lâchais dans tous les sens du terme, des yeux y compris.

Je lui adressai mon dernier coup d'œil en lui flattant brièvement le haut du crâne.

« Comme tu veux Kanon. Fais attention à toi. »

Sur ces conseils, dur de concevoir plus impersonnels, je faisais mon demi-tour comme prévu tandis qu'elle se rendait dans sa chambre. Il fallait que je me charge de mes affaires, de ma propre sœur. Je descendis les deux escaliers, retournant en salle de réception sans m'égarer ni même avoir de regrets. Elle est certes peu âgée, mais suffisamment vieille pour se débrouiller seule, du moins pour chercher et trouver une chambre dans laquelle se reposer.

Sa coéquipière regarda un peu plus le tableau avant de suivre Kurogané vers l'étage supérieur. Elle lui expliqua vite fait ce qu'elle avait trouvé dans l'autre salle: une bibliothèque. En effet, ça serait intéressant de faire des recherches là-bas, mais peut-être plus tard. Ils devaient d'abord terminé leurs recherches. S'ils avaient trouvés ce tableau qui avait un rapport avec ce qu'ils avaient, il y aurait sûrement un livre dessus aussi.

Mais pour l'instant, le jeune homme se concentra sur la tâche en main. Il monta les escaliers en compagnie de la jeune fille et ils arrivèrent dans un couloir en tout point pareil au précédent. A la différence qu'il se divisait en deux couloirs. Au dessus de l'entrée de ces couloirs on pouvait voir deux panneaux avec marqué "Dortoir féminin" et "Dortoir masculin". Cet étage ne contenait sûrement que les logements et les salles de bain, donc rien de très intéressant. Mais il ne serait jamais un bon policier s'il ne regardait pas et ne faisait pas attention à tous les détails. Alors, même si cela semblait inutile, Kurogané continua son chemin.

"Bon, comme tout à l'heure, on se sépare. Je prends le dortoir masculin et toi l'autre. Appelle s'il y a quoi que ce soit de louche."

Il n'avait pas vraiment envie de rentrer dans le dortoir des filles. D'abord parce que ça ne se faisait pas, et même s'il n'en avait pas l'air, il était bien élevé; mais aussi parce qu'il y avait des chances qu'il y ait déjà des gens dans les chambres et les filles n'avaient peut-être pas forcément envie de voir un homme entrer dans leurs chambres sans la permission. Alors il se dirigea vers l'autre dortoir, se séparant de sa coéquipière.

Comme prévu, il ne semblait rien y avoir de spécial dans le couloir. Son étonnement fut grand lorsqu'il remarqua son nom marqué sur une plaquette à côté de la porte de la première chambre. Il y avait aussi le nom de Leon O'Coneils et le jeune homme le reconnut comme étant le nom d'un des hommes en bas. C'était donc son colocataire... Bizarre qu'ils aient des colocataires alors que leurs buts premiers en venant ici était de se reposer... Mais tout avait sûrement été planifié depuis longtemps, alors sûrement les organisateurs de ce "jeu" morbide s'en foutait si leurs invités n'avaient plus les vacances dont ils rêvaient.

Kurogané entra dans la chambre pour tomber sur une pièce richement décorée avec des lits jumeaux, des commodes. Tout ce qu'il y a de plus normal quoi. D'ailleurs cela fit rappeler à l'homme aux yeux rouges qu'il avait laissé son sac dans le Hall et qu'il faudra peut-être qu'il le récupère un jour. Il continua rapidement son inspection dans la chambre mais ne trouva rien de spécial. Il sortit alors de la pièce pour continuer la fouille.

Arrivé à la deuxième chambre, Kurogané essaya de l'ouvrir mais sans succès. Elle semblait fermée à clé. Déduisant que quelqu'un était dans sa chambre, le futur lieutenant passa à la suivante. Toutes les pièces qu'il visita était exactement les mêmes. Il avait aussi trouvé des salles de bains. Donc au final, ces fouilles n'avaient servies à rien, juste à gâcher du temps. Ils n'avaient rien trouvés à part peut-être le tableau, et faudra chercher dans la bibliothèque aussi. Ayant fini ses recherches dans le dortoir, le brun revint dans le couloir principal et attendit sa coéquipière.

Le futur policier n'eut pas à attendre très longtemps avant que la jeune fille ne revienne. Celle-ci soupirait et avait une expression de déception sur son visage. Aucun doute, elle avait trouvé autant d'indice que Kurogané. Celui-ci commençait à désespérer. Est ce qu'ils allaient un jour découvrir ce qu'il se passait ici? Il y avait des chances qu'ils se soient déjà enfuis avant de découvrir quoi que ce soit. Ils ne savaient pas ce qu'il leur était arrivé, pourquoi ils étaient ici, qui les avaient amenés...

Puis, une idée se forma dans l'esprit de Kurogané. Peut-être qu'en utilisant les informations des invitations qu'ils avaient reçus, ils pourraient remonter jusqu'à la source? Le jeune homme sortit son portable, mais avant qu'il ne puisse que le déverrouiller, il se rappela qu'il n'y avait pas de réseau. Or, pas de réseau = pas d'internet. La seule piste qu'il avait commença à s'estomper dans son esprit. Il fallait trouver autre chose...

Ses pensées furent interrompues par sa coéquipière qui se présenta. C'est vrai que depuis le temps, il ne connaissait toujours pas son nom vu qu'elle était endormie lorsqu'ils avaient fait les présentations.

"Kurogané Suwa."

S'il y a bien une chose qu'on pouvait dire à propos de lui c'est qu'il aimait la simplicité. C'était même pour ça qu'il ne se sentait pas à l'aise dans ce château trop richement décoré et trop plein. Et c'était aussi pour ça qu'il préférait faire des phrases courtes qui expliquaient tout. Il n'aimait pas faire des répliques de 20 000 phrases juste pour dire son nom.

"J'ai rien trouvé non plus, on va voir à la bibliothèque."

Une fois encore, il avait prouvé son simplisme dans sa phrase. Ceci étant dit, il se dirigea à nouveau vers les escaliers qui descendait et attendait Jihanne.